Le capital immatériel de l’entreprise : évaluations et enjeux

Valoriser une entreprise consiste à évaluer sa capacité à créer de la richesse dans le futur. Dans une économie de services où les facteurs clés de succès reposent sur sa capacité à fidéliser les clients, attirer les nouveaux talents et à innover, la valeur d’une entreprise ne peut se résumer à sa valeur purement comptable.

La compétitivité d’une entreprise se mesure plus que jamais au travers de son capital immatériel, notion qui tend à progresser dans les méthodes de valorisation des entreprises.

Qu’est-ce que le capital immatériel de l’entreprise ?

Au-delà des actifs traditionnellement pris en compte dans la comptabilité traditionnelle, immobilisations, actifs circulants, actifs incorporels, qui tendent à « quantifier » l’entreprise, le véritable patrimoine d’une entreprise résiderait dans son capital immatériel, ce qui la « qualifie », et correspond à tout ce qui participe à l’existence de l’entreprise et la singularise vis-à-vis de ses concurrents.

Il peut s’agir de sa notoriété, ses marques, son capital relationnel et organisationnel, la fidélité de ses clients, son positionnement, son potentiel de développement, la personnalité de son dirigeant, son modèle économique ou encore son capital humain.

Savoir évaluer et a fortiori piloter ces actifs immatériels est complémentaire à l’administration financière de l’entreprise, et permet de créer de la valeur et de la performance sur le long terme. Ce qui explique pourquoi de nombreuses entreprises sont parfois achetées pour le triple de leur valeur comptable, vendeurs et acheteurs, mais aussi experts, s’accordant à attribuer la réelle valeur de l’entreprise à sa capacité à créer de la valeur dans le futur, au-delà de sa valeur purement comptable.

Comment l’évaluer ?

Pour être associés à des instruments de pilotage suffisamment pertinents et opérationnels, deux institutions françaises (le CSOEC et l’Observatoire de l’Immatériel) ont élaboré des référentiels qui permettent aux chefs d’entreprise d’appréhender la valeur immatérielle de leur PME. En les croisant, on retrouverait les notions suivantes :

  • Le capital client (fidélité, solvabilité, rentabilité, dynamique des secteurs, …).
  • Le capital humain (motivation, savoir-être,  compétence, climat, expertise, leadership, …).
  • Le capital organisationnel (politique qualité,  sécurité, orientation client, processus de contrôle, supply chain, réseau de distribution, …).
  • Le système d’information (couverture métier,  ergonomie, fiabilité, coûts, …).
  • Le capital de savoir (RetD, secrets de fabrication, brevets, …).
  • Le capital de marque (notoriété, réputation,  singularité, …).
  • Le capital « partenaires » (nombre par produit  stratégique, satisfaction du client, fidélité, …).
  • Le capital actionnaire (réserve de ressources  financières, patience, influence, conseil, …).
  • Le capital naturel (abondance et qualité  de la ressource naturelle, …).
  • Le capital sociétal (qualité de l’environnement sociétal, …).

Que représente-t-il pour l’entreprise, et quels sont les enjeux ?

L’évaluation du capital immatériel de l’entreprise permet de discerner la performance future, car il vise à faire état des principaux leviers à la source de création de valeur.

Pour appréhender au mieux la notion de capital immatériel de l’entreprise, on pourrait comparer les actifs de l’entreprise aux trois états naturels des choses : les actifs « solides » (immobilisations) ; les actifs « liquides » (les actifs circulants, la trésorerie), et enfin les actifs « gazeux » (les actifs immatériels), extrêmement volatiles, donc difficiles à piloter. Néanmoins, on estime qu’ils représentent les deux tiers de la valeur d’une entreprise ! Les maîtriser se révèle être indispensable afin d’assurer que leur valeur ne se dégrade pas, et avec eux, celle de l’entreprise. En les identifiant et en les évaluant précisément, ils deviennent un pré

cieux outil de pilotage de l’entreprise, et permettent d’appréhender quels sont les effets de levier réels dont dispose l’entreprise pour générer davantage de rentabilité et accroître sa performance globale.

Quel lien avec la mise en place d’une démarche RSE ?

La valorisation des actifs immatériels de l’entreprise, qu’il s’agisse de son capital humain (avec la culture d’entreprise), son capital structurel interne (sa marque, son organisation interne) ou encore son capital relationnel externe (sa réputation, son offre de service, son capital client) est inhérente à la mise en place d’une démarche RSE.

Dans la mesure où une démarche RSE s’appuie sur ces leviers et contribue à renforcer le capital immatériel de l’entreprise, elle est véritablement créatrice de valeur !

Auteur: Marie Hébras

Crédits photos :Free Design File / Freepik