Economie circulaire : l’Afnor publie la première norme

Cette norme est à la disposition de tous les acteurs qui souhaitent engager des expérimentations à l’échelle d’une ville, d’une agglomération, d’une administration et bien entendu, d’une entreprise – Shutterstock

Cette norme permet de mettre en oeuvre et d’évaluer les projets qui tentent de rompre avec la logique du cycle produire-consommer-jeter.

A la veille de la journée mondiale contre le gaspillage de l’alimentation, la toute première norme expérimentale sur l’économie circulaire a été publiée en France. « La norme XP X30-901 est une première dans le monde : elle vise à mieux faire connaître ce modèle économique et à contribuer à son essor », déclare Olivier Gibert, le porte-parole d’Afnor France.

Apparu au tournant des années 2000, le concept d’« économie circulaire » propose d’en finir avec le triptyque produire-consommer-jeter afin de produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l’eau et des sources d’énergie.

Qu’il s’agisse de recycler les déchets du BTP (le  chantier du Centre administratif Morland à Paris), de proposer une route neuve à partir de  matériaux 100 % recyclés , de construire des bâtiments à énergie positive ou de produire du combustible à partir de déchets ménagers… les solutions se multiplient.

Reste que si le concept est à la mode, les interprétations divergent – certains ne prennent en compte que l’aspect recyclage, d’autres l’éco-conception – et les acteurs manquent de retour d’expérience.

Définir un mode opératoire partagé

A l’issue de deux ans de travail avec une cinquantaine de professionnels, l’Afnor est donc parvenue à définir avec les grands acteurs (associations, industriels, sociétés de services, collectivités locales, institutions dont le ministère de la Transition écologique et solidaire, l’Institut national de l’Economie circulaire et l’Ademe) un mode opératoire partagé, applicable à tout type de structure ou de territoire.

« Elle fournit à tous une méthode globale, une méthode d’organisation pour que les différentes parties engagées dans un projet puissent se parler et respecter les trois dimensions et les sept domaines d’action de l’économie circulaire », poursuit Corinne Del Cerro, responsable développement à l’Afnor (lire l’encadré).

Cette norme ne vise pas à fermer ou à exclure. Au contraire, elle permet de planifier, de mettre en oeuvre, d’évaluer et améliorer chaque projet. Désormais tous les acteurs socio-économiques qui souhaitent engager des expérimentations à l’échelle d’une ville, d’une agglomération, d’une administration et bien entendu, d’une entreprise, peuvent s’en saisir. « Les plus volontaristes pourront solliciter une certification de la part d’un organisme tierce partie », poursuit l’Afnor.

Des travaux internationaux sous présidence française

En France, l’économie circulaire a été promue objectif national avec la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte de 2015. Elle a bénéficié depuis d’une feuille de route officielle.

n exemple qui fait aujourd’hui école à l’international. Face à l’urgence climatique, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) vient en effet d’acter le lancement de travaux sur l’économie circulaire. Ils se dérouleront sous présidence française avec comme base de travail la norme 100 % française.

UNE NORME QUI DÉCLINE LA « MATRICE TROIS-SEPT »

La norme XP X30-901 propose une méthode ouverte et non limitative pour toute organisation, afin qu’elle puisse agir à sa manière, à son rythme et potentiellement à l’échelle d’un territoire. Pas à pas, la norme volontaire invite le porteur de la démarche à croiser les trois dimensions du développement durable (environnement, économie, sociétal) et les sept domaines d’action de l’économie circulaire : approvisionnement durable, écoconception, symbiose industrielle, économie de la fonctionnalité, consommation responsable, allongement de la durée d’usage, gestion efficace des matières ou produits en fin de vie.

Jean-Michel Gradt